Les sanglots de l'île de Pâques by Jose Vicente Alfaro

Les sanglots de l'île de Pâques by Jose Vicente Alfaro

Auteur:Jose Vicente Alfaro
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Babelcube Inc.
Publié: 2015-11-05T00:00:00+00:00


CHAPITRE CINQ

MARDI

Koahu rongo-rongo : le terme se traduit par « tablette parlante » ou « bâton de chantre ». Il s’agit d’un système d’écriture découvert sur l’île de Pâques, dont les symboles furent incisés avec des pointes d’obsidiennes ou des dents de requins sur des tablettes de bois principalement. Ces tablettes ont été découvertes avec des signes inscrits sur les deux faces, sans qu’ils ne soient vraiment séparés par des espaces, formant un type de graphie continue typique de certains anciens systèmes d’écriture. Malgré les nombreuses tentatives de déchiffrage par les meilleurs experts du monde, l’écriture rongo-rongo reste toujours une inconnue.

Le jour s’était levé depuis longtemps, mais j’étais encore dans mon lit, en train de somnoler ou cogiter sur les derniers événements qui avaient eu lieu sur l’île. Vu que l’excavation avait été annulée par le gouverneur, plus aucune obligation ne m’incombait. J’avais donc tout mon temps. Léthargique comme une marmotte, je ne faisais rien d’autre qu’ignorer la lumière qui filtrait à travers les persiennes, jusqu’à ce qu’un appel sur mon téléphone portable fît un miracle et raviva la flamme de mes sens.

C’était Hans Ottomeyer. Avec une voix frénétique, il m’expliqua qu’une situation conflictuelle avait émergé entre les manifestants rapanuis et les forces de l’ordre chiliennes autour de l’hôtel Hanga Roa. Or, elle risquait d’éclater à tout moment. Je le remerciai tout en lui assurant que j’y serai dans moins de dix minutes.

Je fis ma toilette rapidement et quittai la résidence sans prendre de petit-déjeuner, et sans que Gloria Riroroko puisse se remettre de sa stupeur : non seulement je n’avais pas mangé, mais ce matin je portais en outre une chemise hawaïenne tape-à-l’œil qui ne correspondait pas du tout à mon style habituel.

Lorsque j’arrivai à l’hôtel Hanga Roa, je me rendis compte que la réalité à laquelle je me confrontais correspondait parfaitement à la scène décrite par Hans. Deux fourgonnettes d’agents de police étaient stationnées dans un coin, et un fort contingent de police, composé d’une cinquantaine d’effectifs pourvus d’équipements d’assaut – des casques et des boucliers – protégeait la zone située devant la façade de l’hôtel. Un grand groupe de jeunes rapanuis attendait devant la porte. Ils étaient armés de bâtons et de pierres, résolus à ne pas se laisser intimider par le dispositif déployé par les autorités chiliennes.

Le commissaire Villegas et le gouverneur Mario Ubilla étaient postés en face de l’incroyable déploiement. Le commissaire avait un téléphone portable près de son oreille et tournait en rond essayant de calmer ses nerfs et visiblement agité par la gravité de la situation. Le gouverneur – vêtu d’un élégant chapeau qui couvrait sa grotesque calvitie – discutait âprement avec un individu rapanui, que j’identifiai rapidement comme Lázaro Hereveri, le charismatique président du Conseil des anciens. Mario tenait dans sa main un document auquel il s’accrochait avec ferveur, et qui semblait être une décision de justice obtenue en temps record l’autorisant à les déloger immédiatement de l’hôtel Hanga Roa. Lázaro, quant à lui, brandissait un document de la Commission interaméricaine des



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